l’enfance reçoit des coups l’enfance ne se voit pas l’enfance est angoissée l’enfance se limite l’enfance se mutile l’enfance a peur l’enfance cache l’enfance est écrasée l’enfance s’écrase l’enfance se broit l’enfance s’auto-détruit l’enfance se dévalorise par imitation l’enfance ne comprend pas l’enfance est en vigilance extrême l’enfance ne se projette pas l’enfance fait des cauchemars l’enfance fait toujours les mêmes cauchemars l’enfance a peur d’aller à l’école l’enfance a peur de l’appel le matin l’enfance souffre beaucoup quand elle entend son nom l’enfance n’a pas le sentiment d’exister ni vivre ni respirer l’enfance ne croit pas les mots l’enfance a peur des mots l’enfance se méfie du langage l’enfance sent que le langage n’est pas vrai l’enfance a peur de la parole l’enfance ne parle pas l’enfance se tait l’enfance ne peut pas parler l’enfance ne sait pas parler parler n’est pas possible pour l’enfance l’enfance ne comprend pas ce qu’il se passe l’enfance se trompe l’enfance a la parole manquante l’enfance a besoin de temps pour savoir quoi dire comment le dire ensuite l’enfance construit la parole la parole est une zone artificiellement créée dans le cerveau par l’enfance la parole de l’enfance construite durement dans la zone volontairement créée pour parler lire la parole avec les yeux du cerveau de l’enfance l’enfance rate son tour de parole l’enfance ne peut pas dire avec la parole orale l’enfance est moquée l’enfance fait dire d’elle : molle bête lente on jette des choses sur l’enfance dans la rue l’enfance se fait toucher l’enfance se fait embrasser l’enfance peut jouer les jeux qu’on attend d’elle l’enfance développe cette capacité l’enfance le paie l’enfance ne sait pas qu’elle le paye l’enfance ignore tout l’enfance s’anesthésie l’enfance apprend à se détester l’enfance apprend à se détester avec application avec méthode avec volonté avec mal au plexus ça marche l’enfance survit cela acquis l’enfance a mal au ventre au dos à la tête l’enfance se tord l’enfance laisse la place à l’adolescence l’adolescence est écrasée l’adolescence a sommeil l’adolescence prend du magnésium l’adolescence est sidérée l’adolescence ignore qu’elle est sidérée l’adolescence ne peut plus bouger l’adolescence considère que le poids est énorme l’adolescence ne vit pas l’adolescence oublie de respirer l’adolescence ne bouge pas l’adolescence ne respire plus l’adolescence ne pense pas vivre au-delà de vingt ans l’adolescence survit

quand jécris de la main droite lespace autour le monde même me paraît plus ordonné sensation diffuse de blocs mouvants liés par un agencement qui les précède fait de membranes fluides elles ne sarrachent pas elles sont mobiles mais ne séloignent pas les unes des autres elles restent en communication adhèrent se frottent glissent huilées quand jécris de la main droite cest une autre organisation du monde que je pressens mais ne vois pas cela va loin quand jécris de la main gauche il y a ce désordre familier jai choisi décrire de la main gauche

la main gauche sera donc la main d’écriture la main pour voir la main d’écriture est la bonne main la bonne main est la main droite la main gauche est donc la main droite changeantes constamment inassignées inassignables s’orienter parfaitement bien car tout tourne en fonction d’un axe fixe y retourner sans cesse

quelque chose sourd qui depuis n’a de cesse de gonfler la force de l’eau voyante voir est une présence voir est une pensée voir est un toucher tu imagines alors la délicatesse qu’il faut pour cela et la délicatesse la prévenance qu’elle aimerait tant sentir couler tout autour de nous toutes cette rivière creuse cette rivière creuse cette rivière évide c’est une évidance qui poind commence à poindre toute le désir là à partir de cette circulation souterraine maintenant consiste à soulever soulever ce poids ce poids immense les ressources commencent à se fabriquer en interne se fabriquer dans l’ignorance se fabriquer dans la solitude se fabriquer dans l’isolement et la petite conduction des peaux touchées ô intensités partir de ce vide de cet évidement en faire une évidance circuler à partir de lui avancer à partir d’elle et ainsi remonter doucement au jour doucement vers le haut doucement sans le savoir doucement des souterrains passer à la roche-mère du sous-sol au sol à l’air pas beaucoup plus haut que le long de la surface en faire une élasticité une plasticité un lieu de rebond une topographie intérieure une orogénèse passer du paysage au son du son au signal du signal à l’écoute où tout repose sur le filet évidé évidant et retour et rebond et écho écrire vient de ce profond passer du profond à la surface ce qui continue veut continuer avec ces filtres connus et doubler c’est amener d’autres filtres les fondre en faire une fonte et avec cela écrire encore continuer à excéder le langage à quitter la langue à la caresser à la faire suinter la faire suer la faire sécréter à la tordre à la compliquer lentement