Tous les articles par Jules Falquet

Déjouer le chantage de l’urgence, par et

Déjouer le chantage de l’urgence
Il faut résister au chantage de l’urgence simpliste d’ajouter des armes aux armes. Dans toutes les guerres, ce sont les prolétaires, les paysans,
les minorités ethniques, les migrants qui sont envoyés au carnage, et ce sont les femmes qui en paient le prix le plus douloureux. Même si on part en guerre pour un projet démocratique, avec la militarisation, une verticalité antidémocratique, oppressive et patriarcale prend rapidement le dessus. Les raisons profondes des guerres, c’est des luttes de pouvoir entre et à l’intérieur des pays, face auxquelles il faut développer des réponses
alternatives à la fuite en avant militaire. On gagnerait à s’inspirer de la Colombie, où des populations autochtones, quoique fortement opprimées, ont lutté pour la démilitarisation de leurs territoires.

Resisting the Blackmail of Urgency
We must resist the blackmail of the simplistic urgency to add weapons to weapons. In all wars, it’s proletarians, peasants, ethnic minorities and migrants who are sent to the carnage, and it’s women who pay the most painful price. Even if we go to war for a democratic project, with militarization, an anti-democratic, oppressive and patriarchal verticality quickly takes over. The underlying reasons for wars are power struggles between and within countries, and we need to develop alternative responses to the military headlong rush. We would do well to draw inspiration from Colombia, where indigenous populations, though heavily oppressed, have fought for the demilitarization of their territories.

Généalogies du féminisme décolonial
En femmage à María Lugones, par

Généalogies du féminisme décolonial
Cet article restitue le mouvement décolonial à sa lignée améfricaine et féministe. Prenant pour point de départ les contestations que soulèvent les célébrations des 500 ans de l’arrivée de Colomb en Abya Yala, le féminisme décolonial prend racine dans une critique anti-impérialiste des institutions internationales, mais il est aussi une dénonciation des impasses des pensées décoloniales qui négligent la « colonialité du genre ». S’appuyant sur les travaux de María Lugones, l’article montre comment la binarité de genre et l’hétérosexualité obligatoire fonctionnent comme des technologies coloniales/racialisantes, et comment la lutte anti-capitaliste pour la justice sociale ne peut faire l’économie d’une critique intersectionnelle des oppressions.

Genealogies of Decolonial Feminism
This article returns the decolonial to its Amefrican and feminist lineages. Taking as its starting point the protests raised by the celebrations of the 500th anniversary of Columbus’arrival in Abya Yala, decolonial feminism is rooted in an anti-imperialist critique of international institutions, but it is also a denunciation of the impasses of decolonial thinking that neglects the “coloniality of gender”. Drawing on the work of María Lugones, the article shows how gender binarity and compulsory heterosexuality function as colonial/racializing technologies, and how the anti-capitalist struggle for social justice cannot do without an intersectional critique of oppressions.

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